15 octobre 2007

De l'eau de l'eau

Dans le cadre du « Blog Action Day », qui encourage les bloggeurs de tout acabit à publier dans la même journée un billet sur un sujet commun, l’environnement, je vous fais un petit topo sur la gestion de l’eau à Niamey. Pas au Niger, parce que la question est beaucoup trop vaste pour mes neurones ce matin. Juste à Niamey. La gestion de l’eau dans un cadre urbain au Sahel, en trois petits tableaux.

L’approvisionnement.

Il y a l’eau courante à Niamey. Et cette eau est même traitée. Elle vient du fleuve Niger qui passe au cœur de la ville. La station de traitement de l’eau est en amont de la ville, mais le fleuve est lui-même passé dans 6 grandes villes africaines avant d’arriver jusqu’à nous. On y enlève les matières en suspension, surtout du sable, et on la traite avec du chlore. Il y a sûrement des détails qui m’échappent, mais toujours est-il que l’eau qui arrive aux robinets de la maison est potable. Je la passe généralement dans un filtre, mais il m’arrive souvent d’en boire directement du robinet et je n’ai jamais eu de problèmes. Elle est sableuse, surtout pendant la saison des pluies, mais je ne suis jamais tombée malade à cause d’elle. Le problème principal, c’est qu’en cas de défaillance à l’usine d’épuration, il n’y aura pas d’avis général sur la qualité de l’eau à la radio et on ne le saura pas avant d’en subir les conséquences. Donc, filtre.

L’utilisation

L’eau courante, c’est bien, mais encore faut-il y avoir accès. La plupart des foyers ont une pompe dans la cour, qui sert à plusieurs familles. Certains quartiers ont des pompes communes où chacun va s’approvisionner. Il existe des vendeurs d’eau, qui circulent avec des bidons remplis aux pompes communes dans leur petite charrette. Et puis dans les maisons comme celle dans laquelle je vis, il y a, en plus des robinets extérieurs, des robinets partout dans la maison. Enfin, aux endroits habituels.

L’eau coûte très cher à Niamey. Ce n’est pas une ressource infinie. Pour certaines familles, c’est une des plus grosses dépenses du mois. L’utilisation parcimonieuse de l’eau est une seconde nature, tant dans les utilisations alimentaires que ménagères. Pas question de laisser couler un robinet qui fuit, impensable de prendre des douches interminables, inconcevable de nettoyer son entrée avec un boyau d’arrosage. La plupart des toilettes sont de simples trous, sans eau. Ici on ne prend pas l’eau pour acquise, c’est un des facteurs limitants les plus importants du pays.

L’évacuation

Il n’y a pas de tout à l’égout à Niamey. Au centre ville, la plupart des maisons ont leur propre fosse septique. Dans les quartiers les plus pauvres, dans les quartiers périphériques, l’eau est jetée à la rue. En fait, selon les dires de certains urbanistes, les quantités d’eau utilisées par la population de la ville ne seraient pas suffisantes pour permettre un système d’égouts fonctionnel. Pas assez d’eau, ça stagnerait dans les tuyaux. Évidemment, pas d’égout non plus pour les pluies.

Si on combine cette gestion locale des eaux usées à l’absence presque totale de la gestion des déchets, on se retrouve avec, dans certaines régions de la ville, de graves problèmes sanitaires : eaux stagnantes, immondes, nauséabondes, dangereuses, porteuses de maladies.
La prochaine fois que vous vous servirez un verre d’eau, que vous prendrez une douche chaude ou que vous tirerez la chaîne, que vous passerez à côté d’une bouche d’égout, pensez à votre chance.

4 commentaires:

  1. Anonyme4:33 p.m.

    Et l'eau de pluie, pendant la saison des pluies, elle est recueillie? Elle pourait l'être? Chez vous par exemple, il y a des bidons pour la recueillir? C'est certain qu'elle s'évaporerait vite mais... elle pourrait un peu servir non? C'est certain qu'elle se retrouve dans le fleuve mais...

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  2. Anonyme6:14 p.m.

    oui, en plus les musulmans ne boivent pas de biere...
    c est mal fait la vie quand meme
    un inconnu qui est en amour

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  3. à l'inconnu qui fut dans l'est: Ils ne boivent pas de bière, mais la Braniger (qui brasse la conjoncture et la flag) est la compagnie la plus rentable du pays...

    Mamaman: Accumuler de l'eau de pluie pourrait être une bonne n'idée. Mais le problème, c'est que ça crée de l'eau stagnante, avec tous les problèmes sanitaires que cela implique, principalement un terrain de reproduction parfait pour les moustiques porteurs de malaria. Et ça ne servirait qu'à arroser les plantes, que l'on n'arrose pas pendant la saison des pluies, puisqu'il pleut.

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  4. Anonyme8:13 a.m.

    j'y pense tous les jours, à l'eau. Et je ne supporte pas le gâchis, les robinets qui coulent, les gens qui se lavent les dents devant des flots ininterrompus et inutiles...
    Est-ce un reste de mon éducation "nigérienne" ou en tout cas sahélienne ?

    sûrement.
    Mais décidément j'aime bien vos billets, Sara du Canada (moi je suis une Sara aussi, mais de France : on a donc des tas de points communs :-))

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